Opinion

Mon candidat préféré

25 mars 2022 par Bertrand Piccard

Si j’étais français, je voterais pour vous. Vous avez compris ce dont les citoyens ont besoin. Vous êtes fédérateurs, et non clivant. Vous cherchez le consensus au-delà des partis politiques, et non l’affrontement. Vous êtes réaliste et obtenez des résultats concrets indépendamment des idéologies. 


Le clivage gauche-droite paralyse la politique. Lorsque je le dénonce dans mes conférences, je suis interrompu par des applaudissements. Comment se fait-il qu’aucun candidat à part vous n’ait véritablement saisi comment séduire les électeurs ? Ce n’est pas seulement son parti qu’il faut galvaniser, mais le pays tout entier.
 

Au-delà du principe Liberté-Égalité-Fraternité qui se traduit trop rarement dans les faits, quelles sont les valeurs fondamentales permettant de vivre ensemble et développer un pays ? Il y en a quatre : la solidarité, la protection de l’environnement, la responsabilité entrepreneuriale et la sécurité. Mais chacune de ces valeurs est défendue par un parti politique différent, qui, de plus, se place en opposition contre les autres.
 

Si je veux de la solidarité, je dois voter à gauche. Or la pauvreté n’est pas seulement moralement inacceptable, elle est aussi destructrice pour l’économie et la société. La richesse d’un pays ne se mesure pas au nombre de ses milliardaires mais à la force de sa classe moyenne. La lutte contre les inégalités profite à la droite et aux grandes entreprises. Vous n’avez pas besoin d’être de gauche pour le comprendre.  
 

La nécessité de protéger l’environnement devrait aussi transcender tous les partis, mais on peine à avouer sa fibre verte par peur d’apporter des arguments à ses adversaires. Pourtant, les solutions propres sont déjà économiquement rentables, créent des emplois et offrent des opportunités industrielles, au point que l’écologie devient la force motrice de l’économie. Vous n’avez pas besoin d’être écologiste pour le comprendre.
 

La majorité de la population ne s’associe pas à la vision que tous les patrons sont des exploiteurs et tous les salariés des victimes. La responsabilité personnelle stimule la prise de décision, la gestion du risque, la création d’entreprises qui génère des emplois, payent des salaires et participent à la redistribution des richesses au moyen de l’impôts. Vous n’avez pas besoin d’être de droite pour le comprendre.
 

Quant à la sécurité, elle est devenue le fief de l’extrême droite au point qu’il devient dangereux d’en parler sans être catalogué comme outrancier. Elle est pourtant indispensable même pour les citoyens modérés. Un ancien Président de l’Assemblée nationale me confiait que l’extrémisme actuel n’était que la conséquence logique du laxisme des gouvernements précédents qui avaient laissé pourrir la situation sécuritaire. Avoir le courage de faire appliquer les lois de la République, interdire les zones de non-droit, protéger les citoyens les plus vulnérables, n’est que de la démocratie, pas du totalitarisme. Vous n’avez pas besoin d’adhérer à l’extrême droite pour le comprendre.
 

Je voterais donc pour vous, car je recherche ces quatre valeurs dans le programme d’un même candidat. Comme vous, j’en ai assez des conflits, des slogans simplificateurs. J’ai besoin d’harmonie, de synergie. Il est temps de faire évoluer notre société vers davantage de bienveillance et de sagesse.
 

En disant cela, je ne prône nullement l’existence d’un parti unique, mais des valeurs communes à tous les partis. Libre ensuite aux différents candidats de s’affronter sur la manière d’y arriver, davantage que sur le fond de leur programme. Cela permettra de conserver le côté spectaculaire de la politique française. Cependant, personne n’est dupe : ce n’est pas avant l’élection, par des promesses, qu’il s’agit d’être spectaculaire, mais une fois élu, dans la mise en œuvre de ces promesses. Pour redonner confiance aux citoyens, il est temps de casser les codes et devenir les pionniers de nouvelles façons de penser et d’agir.
 

A qui d’autre pourrais-je donner ma voix qu’à vous, mon candidat préféré qui n’existe pas encore, mais que chaque homme ou femme politique pourrait devenir ? Et en attendant que vous apparaissiez, qui s’étonnera du taux croissant d’abstention dans les scrutins ? Car je ne suis, et de loin, pas le seul à vous chercher sans vous trouver.

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