Premier homme à atteindre le point le plus profond des océans, ce précurseur de l’écologie a dédié sa vie à la protection des mers et des lacs.

Pionnier dans l’océanographie autant que dans la protection de l’environnement, Jacques Piccard devient l’homme le plus profond du monde en touchant le fond de la Fosse des Mariannes à –10’916 mètres. Après avoir dirigé la construction du Bathyscaphe Trieste, il poursuit l’œuvre de son père, et lui donne une dimension écologique en adéquation avec son temps. Dès le début des années 1960, ce pionnier est convaincu de l’urgence de s’attaquer aux problèmes environnementaux. Pour lui, la meilleure façon d’étudier la nature reste de s’y immerger. Il construira des submersibles pour moyennes profondeurs, des Mésoscaphes dont le premier sous- marin touristique. Lors d’une plongée dérive d’un mois sur 3000 km, il explore le Gulf Stream, courant marin fondamental pour l’équilibre climatique de l’hémisphère nord. Il compte parmi les précurseurs de l’écologie qui ont attiré l’attention de la communauté internationale sur les problèmes de pollution et d’épuisement des ressources naturelles.

« La population ne perçoit pas encore l’importance et la gravité du problème de la pollution »
Jacques Piccard – 1972

1922

  • 28 juillet, naissance à Bruxelles

  • 1948

    Participe avec son père à l’expédition du premier Bathyscaphe à Dakar. S’il ne plonge pas encore avec Auguste, Jacques a rejoint son père pour le seconder.

  • 1953

    Jacques et Auguste atteignent 3’150 mètres avec le Bathyscaphe Trieste, une profondeur impensable pour l’époque.

  • « C’était un team miniature, celui d’un père et de son fils. Le père physicien-ingénieur-aéronaute avait fait le « projet » . Le fils l’avait réalisé matériellement. Ensemble, ils étaient descendus à 1000, puis 3000 mètres en Méditerranée. »
    Robert Dietz

1960

Onze kilomètres sous la surface

La preuve de vie dans les abysses

  • C’est également une étape majeure pour la protection de l’environnement : cette plongée a mis en évidence des preuves de vie là où personne n’en attendait et a poussé les gouvernements à abandonner l’idée d’entreposer les déchets toxiques dans les fosses marines.

  • Plongée à 10’916 mètres avec le Trieste : Jacques Piccard et Don Walsh touchent le fond de la Fosse des Mariannes, la plus grande profondeur marine connue. Un rêve millénaire se réalise. Cette conquête définitive des grandes profondeurs met toute la mer, ses richesses et ses mystères, à la portée de l’humanité

  • Un exploit salué par la communauté internationale : De même que le ballon stratosphérique avait ouvert la voie à la navigation à haute altitude et à l’exploration du cosmos, le bathyscaphe Piccard ouvrait la voie à la navigation sous-marine profonde. Ici Jacques décoré par le président Eisenhower du Distinguished Public Service Award.

  • 1964

    Construit le premier sous-marin touristique pour sensibiliser le public à la pollution lacustre. Il emmène dans le Lac Léman 33’000 passagers à l’occasion de l’Exposition Nationale Suisse.

  • 1968

    Une démarche pionnière en matière d’écologie

    Convaincu qu’il y a urgence à s’attaquer aux problèmes écologiques, Jacques dénonce et part en guerre contre toutes les formes de pollution. Il crée la Fondation pour l’Etude et la Protection de la Mer et des Lacs.

1969

Un mois à la dérive dans le gulf stream

Multiples observations de la vie sous-marine

  • Avec cinq scientifiques de l’US Navy et de la NASA, Jacques Piccard dérive pendant un mois dans les eaux du Gulf Stream à bord du sous- marin de sa conception, le Ben-Franklin.

    Cette expédition a permis une étude sans précédent des courants du Gulf Stream, et de multiples observations de la vie sous- marine. Parallèlement, l’étude de la vie en confinement lors de cette plongée a permis à la NASA de préparer les missions spatiales de longue durée.

  • Arrivée triomphale à New York du Ben Franklin sous les trombes d’eau des bateaux de pompiers qui fêtent le retour de l’expédition sur fond de Statue de la Liberté.

  • 1972

    Il défend la cause environnementale devant la tribune du siège européen des Nations Unies à Genève, et fonde un institut international d’écologie afin de sensibiliser à la pollution des mers et des lacs.

  • Un combat d’avant-garde contre la pollution

    Jacques Piccard a participé à l’éveil de la prise de conscience écologique, trente ans avant l’annonce du réchauffement climatique.

  • 1979

    Le Mésoscaphe F-A Forel au service de l’écologie

    Jacques imagine un sous-marin de poche, extrêmement maniable, destiné à emmener des scientifiques pour des plongées d’observations sur la qualité de l’eau, la biologie des poissons, les sédiments au fond du lac, les échanges d’eau…

  • 1990

    Le Mésoscaphe touristique PX-44

    Jacques conçoit un sous-marin touristique de 16 places pour être produit en série. Le but, emmener les touristes pour les sensibiliser à la protection des océans. Ce submersible de seize places équipé de grands hublots a effectué ses plongées d’essai dans le lac de Zurich.

  • En plus de ses réalisations concrètes, Jacques a dessiné les plans de plusieurs dizaines de submersibles scientifiques et industriels, aux noms de code PX pour Piccard Expérimental, qui n’ont malheureusement jamais pu voir le jour, faute de financement.

  • 2008

    Jacques Piccard entouré de ses trois enfants, Bertrand, Marie-Laure et Thierry et de ses neufs petits-enfants.
    1er novembre, décès à l’âge de 86 ans à Vevey (Suisse)

« Dans trente ans, si rien n’est fait, toute vie aura disparu des océans »
Jaques Piccard - 1972
Le PX 8
« Auguste Piccard »

Premier sous-marin touristique au monde, qui emmène 33’000 pas- sagers sous les eaux du Lac Léman lors de l’Exposition nationale suisse de 1964, afin de sensibiliser le public à la pollution des lacs. Sa coque est exposée au Musée des Transports de Lucerne, en Suisse.

Le PX 15
« Ben Franklin »

Dans lequel il explore le Gulf Stream en 1969, à l’occasion d’une plongée-dérive d’un mois sur 3’000 km avec 5 autres scientifiques de l’US Navy et de la NASA. Des centaines de milliers de me- sures physiques, chimiques et biologiques ont été récoltées pour mieux comprendre ce courant marin si important pour l’équilibre climatique de l’hémisphère nord. Ce sous-marin est exposé au Musée Maritime de Vancouver, au Canada.

Le PX 28
« F.-A. Forel »

Un petit sous-marin de poche au service de l’écologie, facilement transportable, avec lequel il effectue plus de 2000 plongées scientifiques et didactiques dans les lacs européens et en Méditerranée, entre 1979 et 2005.

Le PX 44

Un petit sous-marin de poche au service de l’écologie, facilement transportable, avec lequel il effectue plus de 2000 plongées scientifiques et didactiques dans les lacs européens et en Méditerranée, entre 1979 et 2005.

Les mers menacées

Interview lors d’une émission à la Radio Télévison Suisse

20 mai 1972
Journalistes: Jean Dumur, Claude Torracinta
Réalisateur: Michel Dami

Jean Dumur et Claude Torracinta s’entretiennent avec Jacques Piccard. L’océanographe évoque ses études, ses premières plongées scientifiques, l’impact du Mésoscaphe dans la population suisse en 1964 et ses relations avec son père.

Jacques Piccard, océanographe

Film Plans-Fixes « Jacques Piccard, océanographe »

no 1153, réalisé le 8 novembre 1997.
Interlocuteur : Jean-Philippe Rapp.

Si vous souhaitez obtenir le film, le DVD est à commander directement sur le site de l’Association Films Plans-Fixes :

http://www.plansfixes.ch/films/1153/

Anecdotes et questions

Anecdotes sur le Mésoscaphe Ben-Franklin

Noms à foison

Nommé PX-15, à sa conception, le sous-marin fait l’objet de nombreuses suggestions quant à son nom. Parmi celles-ci, on retrouve Argonaut, Atlantis, Sea Search, Sea Horse, Sea Master, Sea Queen, Grummer, Mer Voyager, Grummarine, Aquatief, Exploranaut, Grummanaut, Gulf Stream conquest, Gulf Quest, Poseidon, Ulysses, Odyssey. Il est finalement baptisé Ben-Franklin. On connaît bien Benjamin Franklin comme homme d’état, diplomate, soldat, scientifique, inventeur, philosophe et patriote. Mais Benjamin Franklin était également un grand océanographe. Il mit en évidence l’existence du Gulf Stream, en 1769, soit deux siècles exactement avant la mise à l’eau du sous-marin.

Ambiance à bord

Le 1er août, Erwin Aebersold et Jacques Piccard, fidèles à la tradition du feu de la fête nationale, craquent une allumette. Sur le livre de bord, l’immuable tradition sera camouflée sous cette formule : « Les Suisses font quelques essais pyrotechniques !» Pour rompre le calme de la salle de lecture, Chet May propose une partie de poker. «du poker comme au cinéma dans les westerns avec les jetons, les dollars dans une boîte et la mine renfrognée et impénétrable des mecs…», raconte Erwin Aebersold dans son journal de bord.

Question de culture

Lorsque les ingénieurs américains viennent suivre la fabrication du sous-marin dans l’usine Giovanola à Monthey, les pratiques suisses choquent les Américains. Ils envoient des messages alarmants à la société mère: «c’est l’homme qui nettoie le soir qui est chargé de faire les schémas électriques ! » Piccard rectifie : «ce n’est pas l’homme qui nettoie qui fait les schémas électriques, mais bien l’électricien qui le soir collabore à la propreté générale des locaux, nécessaire à la bonne marche du projet. »

Un courant très secret

Jacques Piccard explique à Bertrand, alors âgé de 8 ans, où se situe le Gulf Stream. tout à coup Bertrand, perplexe, demande à son père : «dis Papa, et si mes camarades me demandent où passe le Gulf Stream, je peux le leur dire ? Ce n’est pas un secret à toi ? »

Bateau de transport avec accessoires

On pourrait imaginer que faire passer la douane de Suisse en Allemagne à un sous-marin poserait quelques problèmes ! Mais non, la déclaration de douane pour l’exportation mentionne : « 1 mésoscaphe PX 15, bateau de transport pour personnes à moteurs avec accessoires ».

« Best sleep in the deep »

Lorsque le Dr Robert Ballard (futur découvreur de l’épave du titanic) effectue sa première plongée profonde à bord du Ben-Franklin, il apprécie en particulier le confort des couchettes et les qualifie de «best sleep in the deep», car usuellement celles des sous-marins sont étroites et imbibées par les gouttes de condensation… Jacques Piccard avait personnellement veillé à ce détail au grand dam des Américains (et aussi en raison de sa grande taille !). Au vu de la durée de la mission, il lui semblait essentiel que l’équipage puisse prendre du repos et il détestait le système des « couchettes chaudes » en usage alors dans les sous-marins de guerre (une couchette utilisée successivement par plusieurs personnes).

Le Musée du Léman est dépositaire des archives de la famille Piccard, le FONDS AUGUSTE ET JACQUES PICCARD, ET D’UNE COLLECTION BERTRAND PICCARD. Son exposition permanente permet de suivre ces 3 générations à travers leurs inventions et leurs exploits.

Questions sur le Mésoscaphe Ben-Franklin

Lorsque vous êtes arrivés aux USA, vous a-t-on demandé de présenter vos diplômes ?

Quelles étaient les caractéristiques du Ben-Franklin ?

Quels ont été les résultats scientifiques de l’expédition dans le Gulf Stream ?

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